Par le Dr Harold Mouras ( Laboratoire de Neurosciences Fonctionnelles et Pathologies (LNFP, EA 4559, CHU - Amiens)
La maladie de Parkinson s’accompagne de symptômes moteurs et non-moteurs. Traditionnellement, le mécanisme sous-jacent à la maladie est notamment la dégénérescence des noyaux gris centraux. Pourtant, les explications ne tiennent pas suffisamment compte des symptômes non-moteurs de la maladie, ce qui suggère que d’autres régions du cerveau pourraient être impliquées.
L’une de ces régions est le cervelet, qui est connu pour être impliqué, avec les noyaux gris centraux, dans les fonctions motrices et non motrices. De nombreuses études ont montré que le cervelet est hyperactif chez les patients atteints de maladie de Parkinson, une découverte qui est rarement discutée en détail et mérite un examen plus approfondi.
La présente étude vise donc à examiner quantitativement la littérature actuelle sur l’implication cérébelleuse dans les symptômes moteurs et non-moteurs de la maladie de Parkinson.
Sur le plan méthodologique, les auteurs de cette recherche ont conduit une méta-analyse de la littérature utilisant la neuroimagerie fonctionnelle (une technique particulière focalisée sur certaines sources) et en intégrant uniquement les études testant l’activation fonctionnelle en réponse aux paradigmes moteurs et non-moteurs dans la maladie de Parkinson et les contrôles sains (HC).
Des analyses distinctes ont été menées en n’incluant que des études avec des paradigmes non-moteurs, ainsi que des méta-régressions avec des scores UPDRS III et la durée de la maladie.
Sur le plan des résultats, un total de 57 études avec des paradigmes moteurs et non-moteurs ont rempli les critères d’inclusion de l’étude. Ces études ont révélé une hyperactivité dans les régions Crus I et II et Vermal III chez les patients par rapport aux témoins sains.
Une analyse n’incluant que les études ayant utilisé les paradigmes cognitifs a révélé un ensemble d’activités augmentées chez les patients au niveau des lobules VIIB et VIII. Une autre méta-analyse incluant les 20 seules études utilisant des paradigmes moteurs n’a révélé aucune différence significative entre les groupes.
Cependant, une analyse descriptive de ces études a révélé que 60% d’entre elles ont signalé des hyperactivations cérébelleuses dans la maladie de Parkinson et comprenaient un paradigme moteur avec d’importantes tâches cognitives, contre 40% présentant le modèle opposé et utilisant principalement des tâches de force de préhension.
La méta-régression avec les scores UPDRS III a trouvé une association négative entre les scores moteurs et l’activation dans le lobule VI et le vermis VII-VIII. Aucune corrélation n’a été trouvée avec la durée de la maladie.
Les résultats suggèrent que l’une des principales implications cérébelleuses dans la maladie de Parkinson est liée au fonctionnement cognitif. L’association négative entre les scores UPDRS et l’activation dans les régions impliquées dans le fonctionnement moteur indique qu’il y a moins d’implication de ces zones à mesure que la gravité de la maladie augmente.
En revanche, l’absence de corrélation avec la durée de la maladie semble indiquer que l’activité cérébelleuse peut être un mécanisme compensatoire des noyaux gris centraux dysfonctionnels, où certaines sous-régions du cervelet sont utilisées pour faire face aux demandes motrices. Pourtant, de futures études longitudinales sont nécessaires pour aborder pleinement cette possibilité.
Article posté le 30/03/2020
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